Cornélie : institutrice au XIXe siècle.

Publié le 2 décembre 2024 à 11:06

Cornélie : institutrice pionnière et courageuse du XIXe siècle. 

Louise Violet, film d'Eric Bernard, tourné en Haute-Loire, en 2023, nous plonge dans l’histoire d’une institutrice sous la Troisième République, lors de la création de l'école gratuite pour tous.

À travers ses combats, le film met en lumière le rôle crucial des femmes dans la démocratisation de l’enseignement, souvent accompli au prix d’immenses sacrifices. 

Ce récit cinématographique résonne profondément avec l’histoire de Cornélie Chadal, institutrice à Ségur au XIXᵉ siècle. À sa manière, elle a, elle aussi, marqué son époque, luttant contre les préjugés et les injustices pour offrir aux jeunes filles l’accès à une éducation digne.


Cornélie Chadal : un combat quotidien pour l’éducation des filles

En 1841, Cornélie Chadal, pourvue depuis quelques années de son brevet élémentaire, reprend le poste d’institutrice à Ségur, où son mari Antoine est déjà instituteur, quant à lui, auprès des garçons de la cité. Faute de bâtiment scolaire dédié, elle enseigne dans son propre logement. Logement qu'Antoine et Cornélie, doivent trouver et louer eux-mêmes. Sa classe doit d'abord cohabiter avec celle de son époux. Puis à la mutation de celui-ci, sa classe de  60 élèves s’installe tour à tour dans des pièces trop petites, glaciales et sombres, parfois dans sa propre cuisine, faute de mieux.

🔸 Un engagement sans faille
Malgré des conditions rudimentaires, Cornélie reste une enseignante dévouée et reconnue, par les parents d'élèves. Ses élèves obtiennent de bons résultats, mais son quotidien est marqué par une lutte constante :

  • Elle finance elle-même le chauffage et le matériel pédagogique.
  • Elle multiplie les démarches pour trouver des locaux, ce qui est autant d'énergie dépensée dans des tâches qui ne sont pas son cœur de métier.
  • Les tensions avec le maire et le curé, partisans de l’éducation religieuse, compliquent encore sa tâche.

En 1867, la loi Duruy impose enfin aux communes d’ouvrir des écoles de filles, mais Cornélie reste seule et inaudible. Jusqu’à son décès en 1870, elle défend ardemment le droit à l’éducation des jeunes filles, symbole d’une modernité qui dérangeait encore à l’époque.

En 1878, la municipalité, ne pouvant plus faire face à ses obligations légales en ayant recours à la location, acquiert un terrain à proximité de l'église.  Dans la foulée, le devis de plus de 30.000 francs, pour la construction d’une maison d’école est approuvé par délibération du conseil municipal. La construction du nouvel édifice a lieu entre 1880 et 1881. La municipalité prévoit deux salles : une pour les garçons, une pour les filles. Ces dernières sous la responsabilité encore pour quelque temps d'une religieuse.

Dans le même temps, au niveau national, les Républicains s’appliquent à ancrer fermement les valeurs laïques et républicaines dans l’esprit de la population française. Jules Ferry (°1832-+1893), ministre de l’Instruction publique, fort de l’appui inconditionnel de Paul Bert, Ferdinand Buisson et Victor Hugo, laisse son nom à deux lois qui fondent encore aujourd’hui les principes de gratuité, d’obligation et de laïcité de l’enseignement primaire.


Quand l’histoire inspire le cinéma

Tout comme Louise Violet, Cornélie Chadal illustre le combat des femmes enseignantes pour l’émancipation des générations futures. Elles ont dû affronter les résistances d’un système patriarcal tout en façonnant un avenir plus juste, où l’éducation serait enfin universelle.

Ces histoires, qu’elles soient tirées des archives ou portées sur grand écran, nous rappellent combien l’éducation reste un levier d’égalité et de progrès.

 

L'histoire de Cornélie est à retrouver dans mon livre Ségur Intime, histoire mêlées de pierres et d'Hommes.



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