Admirer les horizons lointains

Plus de 20 ans ! La petite route sinueuse à travers la forêt de chênes-lièges et le château tout en haut de la crête, dont les remparts cachent soigneusement les maisons. La végétation est luxuriante en ce mois d'avril, c'est un mélange de plantes méditerranéennes et océaniques : chênes verts, oliviers, cactus, coquelicots, bleuets, cistes, genêts, pins, bougainvilliers, graminées variées, silènes... Après avoir franchi deux porches, la première place qui m'accueille est celle de l'ancienne mairie puis, en poursuivant à droite, l'entrée de l'Alcazar transformé en hôtel, en face l'ancienne église transformée en salle culturelle, dans laquelle reposent Francesca et peut-être aussi Pedro Metero. Impossible de se perdre : les maisons blanchies à la chaux s'agglutinent les unes aux autres ne laissant qu'une petite rue pavée qui serpente au cœur des fortifications pour permettre aux habitants d'aller et venir, quelques placettes de ci, de là : plaza de la Posada, Arriola, Corralete et, Del Salvador. Sur l'une d'elles, un oranger qui embaume l'air de son parfum délicat, dès la nuit tombée. Les petites maisons sont toutes simples, tomettes au sol, murs blanchis à la chaux, un escalier pour desservir l'étage, de petites ouvertures pour se protéger de la chaleur de l'été. Un gecko se balade sur un mur. Il faut sortir de l'enceinte pour admirer le grandiose panorama ; tout est comme je l'ai imaginé : Le Guadarrenque baigné de soleil, le rocher de Gibraltar, les côtes africaines qui se dessinent à l'horizon. Au coucher du soleil, les lumières des cargos scintillent  permettant de mieux distinguer mer méditerranée et océan atlantique. L'émotion est grande. L'impression d'être au bout de la carte. Celle-ci s'accentuera encore, le lendemain, avec la descente vers Tarifa, la découverte du Levante, vent d'Est qui "chez moi" est si froid, murmure à cet endroit toute la Méditerranée, tous ses peuples, toutes ses Histoires ! Voyage dans le temps et l'espace à la fois, voilà ce que peut offrir la généalogie. A la découverte de toi, je suis à la découverte de moi. Les pierres parlent encore des Hommes qui ont vécu en ces lieux, me parlent de Pedro père & fils, de Francesca.  Je suis loin de "chez moi", ailleurs entre deux mers, deux continents et pourtant tellement chez moi ! Aujourd'hui, ton village a un petit air de paradis ! Il m'offre l'hospitalité d'une nuit, une nuit chez toi, chez moi, chez Nous.