La Grande Histoire et la Petite Histoire !

Publié le 14 juillet 2024 à 10:00

C’est une « Histoire de maison » qui m’a amenée à découvrir ce sceau :  « la Loi et le Roi ». Le « vieux corps de logis », objet de ma recherche se situe dans une petite commune, aujourd’hui disparue, puisque englobée au sein de sa voisine immédiate. La famille qui en était propriétaire au moment de la Révolution, comptait parmi ses membres deux gardes du Roi, dont l’un était encore en fonction au moment des faits et donc garde du corps de Louis XVI.

Avec la Révolution, les paroisses sont devenues des communes, leurs habitants des citoyens, regroupés en assemblée, ils ont désigné parmi eux, un homme, le plus âgé (en raison de sa sagesse) ou le plus capable d’être leur maire. Le propriétaire de « mon » logis, plus important propriétaire alors de la commune est désigné, parfaitement lettré, celui-ci nous a laissé quelques procès-verbaux rédigés de sa belle écriture régulière.

Dans l’un d’eux, il relate le déroulement du 14 juillet 1790. À midi, lui-même et les officiers municipaux jurent « à la face du Dieu des Armées de concert avec nos frères de Paris, de nous conformer à la nouvelle constitution du royaume, d’être fidèle à la Nation, à la Loi et au Roi, de maintenir de tout notre pouvoir la liberté que nous avons acquise le 14 juillet 1789 par l’abolition du pouvoir arbitraire et la démolition de la Bastille, d’employer toutes nos forces au maintien du repos public, d’être exact à payer la dixième cette présente année seulement, de coopérer au paiement de l’impôt, de forcer ceux qui se refuseraient à le payer, de faire mettre à exécution les décrets de l’assemblée nationale sanctionnés par le Roi ». Afin que la cérémonie soit plus « auguste », le commandant de la Garde Nationale, escorté de huit soldats et d’un officier est allé requérir le curé, qui après avoir revêtu ses habits sacerdotaux a ouvert la cérémonie par le chant « Veni creator », après lequel la messe a débuté « incessamment », elle a été ponctuée par des « Domine, salvum fac regem » et conclue par un « Te deum en action de grâce ».

Chacun a prêté serment individuellement puis la cérémonie s’est clos « au son de la cloche, par une salve de mousqueterie et par les cris redoublés de vive la Nation, vive l’Assemblée Nationale, vive le Roi, vive les départements, vive les districts, vive les municipalités, vive les gardes nationales, vive l’aumônier ».

Ce même jour, à Paris, malgré le mauvais temps, 100.000 fédérés défilent avec leurs tambours et leurs drapeaux pour fêter jour pour jour la prise de la Bastille. A cette occasion, La Fayette, commandant de la Garde Nationale, en grand uniforme, arrive sur un cheval blanc et monte sur l’estrade. Il prête serment. Charles-Maurice Périgord-Talleyrand, évêque d’Autun, célèbre la messe, entouré de 300 prêtres en surplis de cérémonie.  Puis c'est au tour du président de l'Assemblée de prêter serment au nom des députés et des électeurs.

Enfin, le roi Louis XVI prête à son tour serment de fidélité aux lois nouvelles : « Moi, roi des Français, je jure d'employer le pouvoir qui m'est délégué par la loi constitutionnelle de l'État, à maintenir la Constitution décrétée par l'Assemblée nationale et acceptée par moi et à faire exécuter les lois ».

Les documents officiels revêtiront alors ce cachet de cire.

À l’instar de la petite commune du Bas-Limousin,  on entonne un Te Deum, puis on se sépare au milieu des embrassements et des vivats.

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